L'opérateur ferroviaire allemand Deutsche Bahn a nettement accéléré son désendettement au premier semestre, grâce à la vente de sa filiale de logistique, mais craint que les milliards d'investissement du gouvernement ne suffisent pas à moderniser son réseau en souffrance.
( AFP / ODD ANDERSEN )
Entre janvier et juin, l'endettement net du groupe détenue à 100% par l'Etat allemand s'est élevé à 22 milliards d'euros, soit dix milliards de moins qu'au premier semestre 2024.
La vente de sa rentable filiale logistique Schenker, conclue en avril pour 14,3 milliards d'euros, a été "utilisée prioritairement" à cet effet, a indiqué jeudi le PDG Richard Lutz.
En plus de réduire sa dette, la rail allemand doit mobiliser des investissements colossaux pour sortir d'une crise profonde et se moderniser : trains bondés, en retard, suprimés, fermetures de tronçons en maintenance sont devenus la norme pour les voyageurs.
Le groupe pourra compter jusqu'à la fin de la législature en 2029 sur 107 milliards d'euros d'aides publiques, dont plus de 20 milliards cette année, afin de rénover, entre autres, postes d'aiguillages, rails et gares.
La grande partie provient du fonds d'infrastructure spécial de 500 milliards d'euros adopté en mars pour le gouvernement.
Mais 17 milliards d'euros supplémentaires seraient nécessaires d'ici 2029, a indiqué Richard Lutz, pour mener de front la numérisation et la modernisation des infrastructures existantes, sans retard.
La rénovation complète des "corridors", ces grandes lignes ferroviaires du pays, pourrait être reportée à 2036, soit six ans de plus que ce qui était initialement planifié.
Au premier semestre, 63,4 % des trains longue distance ont eu moins de 15 minutes de retard, légèrement mieux qu'il y a un an mais pas encore au seuil espéré de 65%.
Néanmoins, le nombre de passagers continue d'augmenter, preuve que la clientèle "fait preuve de compréhension" selon M. Lutz.
Deutsche Bahn "est aujourd'hui dans une situation financière beaucoup plus stable qu'au début de l'année", a-t-il aussi insisté.
Le groupe basé à Berlin a réduit sa perte nette de moitié au premier semestre, à 760 millions d'euros.
Le chiffre d'affaires ajusté a lui augmenté de 3,4 % pour atteindre 13,3 milliards d'euros, notamment dans les trains régionaux (+7,0%) et longue distance (+6,0%).
Les revenus de l'activité de fret se sont effondrés de 9%, "en raison de la faiblesse persistante" de l'industrie allemande en crise.
Mais DB Cargo doit être rentable d'ici 2026, la Commission Européenne voulant interdire au groupe de compenser les pertes du fret par d'autres excédents.
M. Lutz est resté évasif sur une information du journal Handelsblatt, selon laquelle Deutsche Bahn pourrait réduire de 60 à 80% cette activité qui emploie 27.000 personnes.
Car elle poursuit en parallèle sa restructuration, avec 3.000 suppressions de postes au premier semestre sur les 10.000 prévues d'ici 2027.
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